Le mois dernier, j’étais avec un groupe en Équateur pour un voyage dont l’un des moments forts fut la montée au glacier du volcan Chimborazo avec Juan, le dernier mineur de glace de la montagne. Comme ses ancêtres hieleros, il monte vers « sa » mine. Une mine glacée.
A l’époque coloniale, très nombreux, les hieleros découpent les blocs dans les glaciers de ce volcan géant de 6262 m d’altitude. Des blocs ensuite transportés jusqu’à Guayaquil. Dans les plaines côtières surchauffées, les caravanes de mules avancent la nuit. Elles se reposent le jour, alors que la précieuse glace est déposée dans l’eau des rivières pour ne pas trop fondre. Dans les années 1970, les hieleros sont encore nombreux. Mais une première fabrique de glace est construite à Riobamba, la demande en glace naturelle chute alors…
Chaque vendredi, et souvent deux fois par semaine, Juan monte depuis son village, situé à 3350 m, jusqu’au bas du glacier, à 4770 m, avec un ou deux de ses ânes. Son travail est difficile, il en tire à peine quelques dollars. Mais Juan est avant tout fier de perpétuer la tradition.
Nous l’avons suivi ce 19 janvier, la météo n’était pas clémente, mais ce fut un plaisir d’être avec lui malgré le froid, la pluie et le vent qui soufflait en tempête. Le lendemain, nous sommes partis avec lui au marché de Riobamba pour suivre la vente de ses blocs… et goûter un jus de coco rafraichit avec cette glace pilée venue de tout là-haut. La glace naturelle a vraiment meilleur goût que la glace industrielle, merci Juan !